Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/32

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arriva : pour la dernière fois il recevait le courrier de sa première vie.

Il y avait un nombre inhabituel de lettres. Le sort semblait avoir eu vent des intentions de Jérôme Bardini. Il se demanda s’il allait les déchirer sans les lire. Il examinait les enveloppes. Son cousin. Une amie de sa mère. Son marchand de vins. Une lettre aussi d’une écriture inconnue. Quel pouvait bien être ce personnage maladroit qui tentait de pénétrer dans la vie de Bardini juste le dernier jour ? Après tout il était plus loyal de lire, de n’abandonner qu’une vie bien tenue à jour. Son cousin venait d’avoir un fils : la zone d’existence que Bardini désertait assurait son peuplement. L’amie de sa mère, veuve d’un retraité, demandait un conseil pour ses douze cents francs de rentes. Elle ne connaissait que Bardini. Bardini seul pouvait la conseiller, disait-elle, lui éviter la