Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/74

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66 sinon LI urnirxgun

crois décidément qu’une jeune fille ne comprendra jamais rien ! p

Je la revis souvent. Elle était docile, gaie. · Mais elle s’entêtait à une noblesse, à un décor t qui juraient avec son nom même. Parti pour la ; voir en sifflant, un bouquet de deux sous dans la poche, je tombais dans un salon mystérieux, éclairé par deux veilleuses violettes, où je me = heurtais douloureusement aux fauteuils, aux 4 tables, au piano mugissant. Il fallait dix minutes pour découvrir les- commutateurs et changer la caverne en salle de bal. C’est alors que Gabrielle, dont la naïve main, une seconde avant mon arrivée, brodait de petits Hollandais sur un coussin, apparaissait dans la gaze et la mousseline, rattachée tout juste à ce bas monde par une I écharpe. Elle jouait, avec des fautes, le rôle I d’une absente, d’une reine absente pour le moins. I Elle avait, pour toucher les roses, pour me donner sa main, une adresse infinie, mais qui était · copiée. Elle approchait parfois sa tête, l’éloignait avec un mouvement tendre et noble qui me faisait dire ·: — Qui donc se rapproche, qui 5 donc s’éloigne ainsi de moi ? Son parfum non plus n’était pas le sien. Je respirais sur cette fleur de papier un parfum profond, naturel. î