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PREFACE

Cher Monsieur Glaser,

Votre fonction consiste à passer chaque semaine la revue de toutes les formes de l'esprit français. Vous rendez compte à peu près de tous les livres qui parais- sent, surtout des ouvrages d'agrément. Pour suivre le mouvement de notre librairie, ou mieux de la mode littéraire au jour le jour, il faut lire vos chroniques du Figaro. Et si l'on cherche à se faire une idée d'ensem- ble, on doit consulter vos recueils, dont voici le tome neuvième. Où en est la pensée française? Je me le demandais en vous feuilletant. Il me semble qu'on méprise l'anarchie; elle a cessé de satisfaire les âmes, en même temps que les idées élevées et les grandes œuvres retrouvent de la popularité. Il est passé, le temps où des êtres inférieuis pouvaient tirer gloire de se révolter contre les chefs-d'œuvre de notre race. Certes, chacun de nous possède au fond de son être quelque instinct qui l'empêche de vivre, tout d'abord, avec les hautes œuvres. Il nous faut nous surmonter. Par exemple, il nous faut de la volonté pour vivre auprès d'un Pascal. Que chacun de nous refasse en esprit le chemin par lequel il est parvenu à s'appro- cher de la pensée de ses maîtres. C'est une suite de véritables efforts, l'effet d'une amélioration morale,