Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

JANVIER. — LES ROMANS 7

temps, nous raconte un épisode émouvant du drame éternel qui met aux prises la passion du devoir et celle de Tamour. Le devoir de Laurence Bontemps, elle se l'est imposé à elle-même : cette pure et belle jeune fille a assumé avec toute la ferveur de sq^ âme et toutes les forces de son être la tâche autrefois entreprise par sa mère, celle du sauvetage des enfants. Elle a entendu que, sa mère morte, la « maison des enfants » continuât de prospérer et de gi'andir.

Et d'abord elle a magnifiquement réussi dans sa tâche charitable; mais les difficultés sont venues; elle a dû frapper à bien des portes qui se sont fermées devant elle; et puis enfin, elle a rencontré Michel Fer- gan, un jeune homme riche, au cœur sentimental et mélancolique qui a compris, qui lui a promis son con- cours matériel et moral pour sauver l'œuvre.

C'était le salut... Ce fut le désastre, car Laurence, touchée de tant de générosité, a tout de suite aimé Michel, et Michel s'est épris éperdument de Laurence, et bientôt les événements ont fait comprendre à la jeune fille que l'amour et la charité ne pourraient pas rester ensemble dans son cœur, que sa tendresse pour Michel ferait tort à son dévouement pour l'œuvre, et, ilésespérée, meurtrie, mais rayonnante de foi en sa mission, elle s'est arrachée aux bras du bien-aimé et elle est retournée toute seule à la « maison des enfants ».

Ce drame de conscience que nous sommes parfois tenté de trouver un peu étrange, car l'amour et la cha- rité ne nous paraissent pas si incompatibles, est raconté par M. Léon Thévenin avec des accents émouvants, en une langue simple et facile, sans vaine déclamation.