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JANVIER. — LES ROMANS

MARGUERITE LEJEUiNE

La première blessure.

Œuvre délicate, d'une psychologie raffinée, un peu trop tourmentée peut-être et tarabiscotée, mais qui témoigne d'une très rare faculté d'observation.

Colette Le Bel, l'héroïne du livre, est 'une jeune femme gracieuse, honnête certes, mais qui, malgré le souci d'un enfant qu'elle aime tendrement, est assez sujette à s'ennuyer et à s'attendrir sur son sort. Lors- qu'une femme de ce genre a pour mari un enseigne de vaisseau en croisière sur les côtes du Maroc, et qu'elle- même habite Le Havre, les pires dangers sont à craindre.

Colette les côtoie; elle va, en compagnie de Mi- chel Lorrain, jusqu'à l'extrême bord du précipice, mais l'arrivée opportune de son mari la sauve pour le présent sinon pour l'avenir. Il l'emmènera désormais avec lui, ce qui sera, je pense, une utile précaution; et et c'est la « première blessure », une blessure qui n'est pas mortelle et qui laisse pour l'avenir quelque espoir de guérison avec quelques chances de rechute. En tout cas, l'enseigne de vaisseau n'a, je pense, plus rien à craindre de Michel Lorrain, puisque, ainsi que le dit le délicat poète Charles Dumas dans des vers cités par l'auteur :

Puisque nous partirons, puisque sans nous connaître Nous oublierons nos voix, nos yeux et nos regards.

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