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346 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

ROBERT DE TRAZ

Les désirs du Cœur.

Ce roman pourrait se résumer en quelques lignes : Philippe Marandon au cours d'un séjour en Italie a connu la belle comtesse Narnia; son imagination s'est enflammée, il l'a aimée, — ou il a cru l'aimer, ce qui revient au même, — il a obtenu d'elle les suprêmes faveurs et puis il s'est aperçu que les désirs de son cœur n'étaient point satisfaits : la comtesse est partie pour une lointaine croisière, et Philippe est allé rêver mélan- coliquement dans la paix harmonieuse de l'église basse de San-Francesco-d'Assise.

Après avoir lu ce résumé, vous connaîtrez vaguement l'histoire, vous ne saurez rien ni du drame, ni de son véritable sujet qui est une curieuse analyse d'âme éten- due en trois cents pages toutes remplies de recoins, d'ombre et de contradictions.

L'aventure de Philippe était fatale : c'est un garçon dont les désirs ne peuvent mener qu'à des déceptions; dans son âme « il y avait un élan continuel, une curio- sité pressante, un désir sentimental toujours éveillé, et un effort constant pour s'imposer la croyance à ce qu'il imaginait. Mais il avait beau y croire, il savait que c'était un mirage. Il en souffrait à certains moments. Il aurait tant voulu que ce fût vrai. Et voulant éteindre sa soif avec des eaux vaines, son gosier sec le brûlait toujours ». Et vous voyez que ce garçon, abstracteur de quintessence, pourrait être fort à plaindre s'il n'était pas insupportable avec le culte constant, atten- dri, éperdu de son moi. Il nous est bien difficile de nous passionner pour les amours d'un héros de ce genre qui n'aime vraiment bien — ou plutôt mal — que lui-même. M. Robert de Traz nous conte cette aventure, analyse