Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/111

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Quand l’odeur de mon sang dilatait ta narine
        Et lorsqu’au fond de ma poitrine
Tes ongles ravissaient leur couleur purpurine,

        Ô Dieu qui remplis les forêts
Et les vastes cités d’insondables secrets,
        Amour puissant, je t’adorais !

Mes yeux s’éblouissaient des splendeurs de ta gloire ;
        En vain tu me forçais à boire
L’amertume, partout je disais ta victoire.

        Eh bien, inexorable Amour !
Vois mon cœur, il en reste assez encore pour
        Le bec du farouche vautour.

Que ton souffle, pareil au grand vent qui balaie
        L’espace, ravive ma plaie ;
Viens ! puisque tu le veux, me voilà sur la claie !

        Ainsi que la première fois
Ce n’est plus un enfant confiant que tu vois :
        Je te connais ! Pourtant ma voix

Ne blasphémera pas, ô le plus beau des anges !
        Même en proie aux douleurs étranges,
Et toujours, et bien haut, je dirai tes louanges !