Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/139

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Son col majestueux ondule sous leurs ombres
Au chant clair des pendants d’oreilles en métal,
Et ses rudes sourcils, mystérieux et sombres,
Forment un angle aigu provoquant et brutal.

Sa voix avec effort entre ses lèvres gronde,
Fétidement mêlée à l’odeur de l’alcool,
Et sa vaste poitrine, aventureuse et ronde,
Flotte comme un ballon qui va prendre son vol !

Son bras, qui dans le vide au hasard se ballotte,
Merveille de blancheur et de force, est orné
De ces mots au poinçon gravés : Pierre et Lolotte,
Et d’un cœur d’un foyer éternel couronné.

Piliers éblouissants, ses jambes, que dérobe
La jupe en ce moment baissée, ont la couleur
Du marbre le plus pur ; et, soulevant la robe,
Ses hanches ont un charme étrange et querelleur.

Cette lasciveté de formes se reflète
Dans son ajustement bizarre et singulier,
Dans les vains oripeaux qui forment sa toilette,
Dans le petit ruban qui couvre son soulier.

Sa jupe extravagante à fond lilas est faite
De volants étourdis l’un sur l’autre grimpant,
Et, sur le côté gauche, une énorme bouffette,
À moitié décousue, à la ceinture pend.