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À Théophile Gautier.



 
Malgré les vieux clichés des rêveurs poitrinaires
Qui crachent leurs poumons au fond des grands journaux
Et content aux bourgeois, leurs lecteurs ordinaires,
Que la Muse n’est plus, et que vents et tonnerres
Ont fait un peu de cendre avec ses nobles os,

Pleins de joie et d’orgueil, nous marchons, et la plaine
Ondule sous le vent de nos belles chansons ;
Le rossignol écoute et retient son haleine,
Ô mon maître ! et toujours le fantôme d’Hélène,
Radieux, nous conduit vers de clairs horizons.

Les fleurs que nous cueillons ne sont pas éphémères ;
Comme les aloès elles durent cent ans,
Et nous trouvons du miel dans les coupes amères,
Car nous savons donner un corps à nos Chimères
Et sculpter nos héros dans les blocs résistants.