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Joie d’Avril.



Joie d’Avril.


À Georges Lafenestre.



      C’est un jour de printemps qui se lève ! Sais-tu
Qu’aux prés la terre brune a déjà revêtu
Sa belle robe verte et que tout ressuscite ?
Arrière le chagrin ! C’est l’herbe parasite
Gênant l’éclosion des libres fleurs du cœur !
Aimons ! la sève au bois monte ! l’archer vainqueur
Se dresse étincelant et chasse les nuées.
Vans les plaines du ciel méchamment obstruées
Par les brumes, l’azur luit magnifique et beau.
     Ô Pétrarque ! ô Ronsard ! Sannazar ! ô Bembo !
Des vers ! vite des vers pour célébrer ces choses !
Est-ce demain ou bien aujourd’hui que les roses
Jaillissent des boutons sacrés ? Je ne sais pas.
Mais je sais qu’il est bon de vivre, et qu’on est las
D’avoir lutté pendant trois mois avec la pluie ;
Que le premier rayon m’a fait l’âme éblouie ;
Que l’écorce de l’arbre est pleine de serments,
Et qu’il faut n’avoir pas de cœur, en ces moments,
Pour nier l’espérance et pour nier la joie !
     Le ciel est un railleur et souvent nous envole