Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/230

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Comme un long filet de glace,
Il se traîne sur le corps,
Et solidement l’enlace
De ses nœuds souples efforts.

Lâche Orgueil ! crie, et pressure
La plaie ouverte à ton flanc.
Sens-tu la froide morsure ?
Sens-tu la lèvre de sang ?

Ô guerrier invulnérable,
Où donc est ta force, dis ?
Laisse donc, misérable !
Jaillir tes sanglots maudits !

Cette vipère assassine,
Qui jusqu’à toi s’est fait jour,
Et dont l’œil froid te fascine,
Imbécile ! c’est l’Amour !

C’est la dernière misère
Que tu pouvais redouter,
La blessure nécessaire
Pour te faire sangloter ;

La meurtrissure au cadavre
Ressuscité tout exprès,
Et tiré, pour qu’on le navre,
De son trou sous les cyprès !