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II



Mais, pendant que la mer et le ciel, où frissonne
L’abondante lumière, admiraient l’amazone
Dont les cheveux ardents, tout emperlés encor,
Silencieusement laissaient flotter leur or,
La Terre, pour fêter à son tour la venue
De celle dont la grâce irrésistible et nue
Éblouissait le monde et commandait aux Dieux,
La Terre s’entr’ouvrit dans le jour radieux ;
Et les petites fleurs aux blanches collerettes,
Et le muguet des bois, les douces pâquerettes,
Et celles qui, fuyant l’éclat, cachent leurs fronts
Sous la mousse discrète, et les frais liserons,
La pervenche, l’œillet, même les frêles plantes
Dont le soleil d’été flétrit les tiges lentes,
Pâlirent ; un frisson universel courut :
La Rose triomphale et superbe apparut !
        Alors, sous la ramure épaisse des grands chênes,
Le silence se fit jusqu’aux sources prochaines ;
On crut voir osciller la cime de l’Œta,
Et, triste, dans la nuit, le rossignol chanta !