Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/260

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Le Voile de Tanit.


À Gustave Flaubert.


Ainsi mourut la fille d’Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit.


Quand elle eut, de sa main curieuse, touché
Au manteau de lumière et d’étoiles broché ;
Quand ses yeux éperdus et troublés, que dilate
Le désir, eurent bu l’azur et l’écarlate
Du voile redoutable aux regards des mortels ;
Ainsi que la victime aux marches des autels
Frémit, et sent déjà l’approche de la flamme,
La fille d’Hamilcar blêmit, et rendit l’âme.
Ô lambeaux glorieux de pourpre ! voiles saints
Qui tombez lentement et dérobez les seins
De la Muse héroïque à la voix éternelle !
Malheur au sacrilège impur, dont la prunelle
À réfléchi vos plis droits et silencieux
Qui bravent les efforts du vent, dans les grands cieux !
Son cœur tressaillera dans une angoisse affreuse,
Il descendra vivant dans la mort ténébreuse,
Expiant le forfait d’avoir, un seul instant,
Essayé d’assouvir son désir insultant !