Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/28

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grimaces ? Non pas, certes ! Il vit un monde de splendeurs et de magnificences. Ces paysages tachés d’huile, ces ciels crevés, lui révélaient la nature qu’il voyait avec ravissement pour la première fois. Ces grands mots mal dits lui enseignaient la passion ; ses yeux étaient dessillés ; il voyait, il croyait, il adorait. C’est avec l’ardeur d’un néophyte qu’il reçut le baptême de la balle et qu’il entra dans la confrérie. MM. les comédiens furent bons princes et estimèrent que l’apprenti-imprimeur saurait les souffler aussi bien qu’un autre. Quant à lui, son ambition n’était pas de s’enfariner le visage, d’avoir sur la nuque un papillon au bout d’un fil de fer et de recevoir agréablement des coups de pied, mais, comme bien vous pensez, de porter le feutre à plume, de se draper dans la cape espagnole et de traîner la rapière funeste aux traîtres. Or, sa face de carême, son corps long comme un jour sans pain, ses pieds interminables qui le précédaient de longtemps sur la scène, faisaient de lui un personnage fort différent de Mélingue et tout à fait incongru sous le