Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/44

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de soleil et que nous pourrions, le lendemain du mariage, aller attendre le printemps à Bayonne ou à Pau. Je peux partir avec ma femme et non avec ma fiancée… Elle m’a dit que vous saviez mon amour pour elle. Vous avez dû penser que j’étais un drôle d’amoureux. C’est que je l’aimais tant. Je ne suis resté aussi longtemps à Serquigny que parce que j’avais peur d’elle. C’était pour m’en éloigner que je voulais aller à Bruxelles. Je ne pouvais pas croire qu’elle pût m’aimer autrement que comme un bon garçon qu’on voit tous les jours. Jamais, sans la frayeur où je l’ai vue le jour où nous vous croyions à Pont-Audemer quand les Prussiens y sont venus, je n’aurais osé lui dire que je l’aimais. Avec quelle épouvante j’ai attendu sa réponse. Jamais, même dans mes rêves, je ne l’ai vue autrement que ma femme. Aujourd’hui encore, après qu’elle m’a dit : oui, je doute, je m’arrête ; j’en pleure de joie. Comme je veillerai avec amour sur ce bon petit être !

« Je vous embrasse,
« Albert Glatigny.

« P. S. Le pays est tranquille pour quelque temps et, j’espère, pour toujours, si cela continue. »


Ce frère respecté comme un père de famille, ce jeune homme austère et doux, soldat et