Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/94

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Que deviendrons-nous, ma petite amie,
Lorsque nos deux cœurs seront sans parfum ?
Alors je serai de l’Académie,
Alors tu seras au bras de quelqu’un.

Je dirai : — J’aimais une qui fut blonde.
Ses yeux étaient bleus et ses sourcils noirs,
Son bras était blanc, sa gorge était ronde,
J’aimais à rester près d’elle les soirs.

Un matin l’oiseau, déployant ses ailes,
A, comme en un rêve, emporté l’amour ;
Ensuite, j’aimai d’autres demoiselles,
Et ces autres m’ont quitté tour à tour !

Quand je serai bien perdu dans mes rêves,
Quand j’évoquerai ton fantôme aimé,
Si je te revois, perle de nos Èves,
Que fera mon cœur alors ranimé ?

Que me diras-tu ? moi, que te dirai-je ?
— Tu fus mon bonheur ! — Je fus ton amant,
Quand autour de nous s’amassait la neige ! —
Saurons-nous encor nos noms seulement ?

Donc aimons-nous bien à l’heure où l’on aime
Celle que l’on presse entre ses deux bras ;
Fuyons l’avenir qui s’avance, et même
Dis-moi que toujours tu m’adoreras,