Page:Glatigny - Le Fer rouge, 1870.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Oui, pendant que brisés et mordant leurs chevets,
Les malades, songeant à la sainte patrie,
Disent en agitant leurs bras : « Si je pouvais ! »
Et retombent vaincus sur leur couche meurtrie ;

Quand le glas du tocsin emplit l’air frissonnant,
Quand la France à nos cœurs jette le cri d’alarme ;
Pour chasser l’ennemi trop vite rayonnant,
Quand on se sert partout de n’importe quelle arme ;

Derrière ces grands murs, roses, gaillards, dispos,
Des hommes de vingt ans, vêtus de robes noires,
Reprennent doucement de ravissants propos
Interrompus pendant l’heure des offertoires.

Oh ! Les chastes discours ! « Dimanche, monseigneur
Officiait avec d’admirables dentelles.
— Il dîne ici jeudi. — Vraiment ! — Ah ! Quel honneur ! »
C’est comme un gazouillis de jeunes demoiselles.

Leur oreille est fermée aux clameurs du dehors.
On leur crie au secours : ils chantent des cantiques.
On meurt à leurs côtés : ils restent, sages, forts,
Cloîtrés dévotement dans leurs ardeurs mystiques.

Ils n’ont donc pas de cœur, ils n’ont donc pas de sang,
Ces êtres patelins aux figures placides,
Et la dévotion, cet agent tout-puissant,
Les a donc tous fondus en ses mielleux acides !