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AVERTISSEMENT

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La mise au jour de ce tome VII a été retardée par diverses raisons indépendantes de la volonté de l’auteur, en particulier par une longue abstention de tout travail qui lui a été imposée l’an dernier à la suite d’excès d’application qui auraient pu mettre sa vie en danger. Complètement rétabli, j’ai enfin la joie d’offrir ce volume au public qui le réclamait et de le soumettre à sa bienveillante appréciation.

Il offrira, je l’espère, un caractère particulier. On verra que les sources sont en grande partie renouvelées, que j’ai lu in extenso quantité de textes nouveaux, sûrs et autorisés, que j’ai voulu éviter les répétitions, les surcharges, me mettre, autant qu’il était en mon pouvoir, à l’abri des critiques que les précédents volumes avaient encourues, et, par un redoublement d’efforts, montrer l’invariabilité de mon dévouement à l’œuvre capitale de ma vie.

En commençant ce bref avertissement, je remercie de nouveau tous ceux que, dans mes précédents avertissements, j’ai appelés mon bataillon sacré, MM. J. Bonnard, L. Taulier, P. Maquest, A. Delboulle, Charles Royer.

À M. Maquest je joins aujourd’hui M. Dubois, son aide et le copartageant des transcriptions de tous ces textes des inépuisables archives de Tournai. D’affectueux remerciements sont dus aussi au magistrat M. Soil et à M. Ch. de La Grange qui ont publié et bien voulu me donner des brochures riches de textes tirés de ces mêmes archives de Tournai, et dont les noms reviennent souvent, quelquefois pour des exemples uniques, dans ce tome VII, comme ils se verront dans les derniers volumes.

Il y a quatre ans, M. Bonnard quittait Paris pour répondre à l’appel du Chef du département de l’Instruction publique du canton de Vaud qui l’avait désigné pour occuper la chaire de philologie romane dans la Faculté des Lettres de l’Académie, bientôt devenue l’Université, de Lausanne. Selon la promesse qu’il m’avait faite à ses adieux émus, pour adoucir mes regrets, non seulement il ne s’est pas désintéressé du Dictionnaire de l’ancienne langue française, mais, dans la lecture et la correction de toutes les épreuves, jamais discontinuées, pas même pendant ses vacances, si occupé fût-il par ses travaux personnels, il a fait profiter l’œuvre de tout ce qu’il avait appris dans la préparation de ses cours, et de toutes les éditions critiques qu’il avait consultées pour exercer ses fonctions avec sa native conscience.

M. Bonnard a été remplacé dans mon bureau par M. Amédée Salmon, que M. Bonnard même avait avec moi, pendant plusieurs années, et, pendant plusieurs mois, avec M. Muret, élève et suppléant temporaire de M. Gaston Paris, aujourd’hui professeur à l’Université de Genève, initié à cette connaissance de l’ancien français qui ne s’acquiert qu’après un long usage. D’ailleurs M. Salmon s’était déjà occupé de littérature et il m’aidait dans divers travaux, entre autres dans la préparation de mon Répertoire universel, secondé par un de mes auxiliaires. M. Edouard Leroux, qui, depuis dix ans, n’a cessé de mettre au service de mon Dictionnaire et de tout ce qui s’y rattache un dévouement absolu et très fructueux. M. Salmon, en suivant les cours de l’École des Hautes-Études, pour arriver à en obtenir le diplôme, et comme auditeur libre, ceux de l’École des Chartes, a marché vite, travaillé extraordinairement, et les leçons de MM. Gaston Paris et Paul Meyer, ces maîtres éminents, au bout de quelques années, ont préparé à devenir bientôt lui-même un maître cet élève d’une intelligence très grande, d’un coup d’œil prompt, d’une habileté peu commune à résoudre prestement les difficultés, comme le prouvent les recherches qu’il fait pour moi, trop surchargé, aux diverses bibliothèques et aux Archives nationales, à l’effet, dès qu’il y a un doute, d’arriver à établir le meilleur texte, coûte que coûte. Je regrette seulement que ses travaux personnels et ses légitimes ambitions ne lui permettent pas de donner plus de temps au Dictionnaire.

Malgré la scrupuleuse attention de nous tous, les errata sont encore abondants dans ce volume, ce qui, peut-être, n’étonnera pas trop les hommes compétents. Quelques-uns ont été fournis par M. A. Delboulle, dans un article signé A. J., Revue critique du 20 juillet 1891, et dans un article de la même Revue, 16 mai 1892, signé de son propre nom. Nous avons enregistré avec reconnaissance tout ce qui était fondé, et nous examinons ci-dessous avec franchise et netteté ce qui nous a paru erroné.

M. Delboulle (Revue critique, 20 juillet 1891), corrigeant ma définition de ramuser, estime que ce mot signifie « froncer le nez, ou mieux faire un nez, comme dit la locution populaire si expressive ». Malheureusement ramuser est une coquille que je déplore vivement, résultat d’une erreur de lecture. Le manuscrit, que j’ai revu depuis l’apparition de l’article de M. Delboulle, porte : se ravisent, ainsi que l’édition de MM. de Wailly et Delisle (v. 16771). J’aurais dû vérifier encore une fois le