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Au moutonnement noir du troupeau de la Faim.
Il dit l’Escarpe, le Souteneur, le Biffin,
Il leur donna leurs noms, les trouvant pittoresques.
Bientôt l’enthousiasme élargissant ces fresques,
Il déroula, peignit dans un délire saint
Le Cambrioleur, le Roulottier, l’Assassin…
C’est peu, de Xénophon : il devint Hérodote !
Que dis-je ! Il fut le bon Homère, qui radote,
Appelant le voyou « Mède », « Abrode », « Argyen »…

« Mède » ? Mède me plaît surtout… Mède de chien ?


À Boire


U n honnête homme vit avec 1,800 francs,
Mais un « ouvrier » non. « Des nèfles. »
— Soyez francs,
Leur disais-je ; c’est peu, c’est près de la misère,
Mais on vit ! Nous vivons avec ça, nous. On serre
Sa culotte d’un cran ! On se dit : « il le faut ! »
On loge au premier en commençant par le haut.
On reprise son linge ! On boit de l’eau rougie…

Mais eux pétaient de rire, et leur gueule élargie
Sonnait, faisant crouler le plafond du débit :

Ah, mince ! Pas de jus de grenouille à Bibi !


À L’OUVRIER « HONNÊTE »


Ce sont ces voyous-là qui nous compromettent, nous les bons ouvriers…
(Paroles de Goujet dans l’Assommoir).


U rai travailleur, honnête ouvrier, paysan,
Tu te mets avec eux contre moi ! Conviens-en,
Parle franc, ne fais pas le finassier, avoue !
Quand un sale voyou me jette de la boue,
Tu jubiles, au fond, et ton secret bravo
Est pour le voyou : dis que non ? tête de veau !
C’est la fraternité de la blouse à la cotte.
Il ne te déplait pas, sournois, qu’on asticote
Le drap et le velours : ou est un aristo,
Pour toi, quand par hasard on porte un paletot !