Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/143

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dans les rues de la ville. C’était la première fois que je prenais congé de mon pays natal.


XXXII


Le moment fixé pour le départ était arrivé, et d’un instant à l’autre on attendait l’ordre de lever l’ancre, quand nous fûmes hêlés par un bateau parti du rivage, et dans lequel il y avait deux personnes, outre les rameurs. Elles vinrent aussitôt à bord ; c’étaient des officiers de justice. On ordonna aux passagers, qui consistaient en six personnes, moi compris, de se rendre sur le pont pour être examinés. Un tel contre-temps me causa un trouble inexprimable. Je regardai comme certain que c’était moi qui était l’objet de cette recherche. Ne se pouvait-il pas que, par quelque accident impossible à exprimer, ils eussent eu connaissance de mon déguisement ? Il était infiniment plus fâcheux pour moi d’avoir à paraître devant eux sur un théâtre aussi circonscrit, et où je serais précisément comme le point de mire de leurs observations, que de me présenter sous les dehors d’une personne indifférente, comme j’avais fait jusqu’à présent, à ceux qui étaient à ma poursuite. Toutefois ma présence d’esprit ne m’abandonna pas. Mon costume d’em-