Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais la patience et la résignation ont aussi leurs bornes.

— Permettez-moi, monsieur, reprit le magistrat avec un air de modération étudiée, de vous faire deux questions. Avez-vous été instigateur ou complice de ce meurtre ?

— Non.

— Et, s’il vous plaît, quel est ce M. Falkland, et de quelle nature peuvent avoir été vos relations avec lui ?

— M. Falkland est un gentilhomme de 6,000 livres sterling de rente. J’ai demeuré chez lui en qualité de secrétaire.

— En d’autres termes, vous étiez son domestique ?

— Comme il vous plaira.

— Fort bien, monsieur ; je n’en veux pas davantage. D’abord j’ai à vous dire, comme magistrat, que je ne puis rien faire de votre déclaration. Si vous eussiez été impliqué dans le meurtre dont vous parlez, cela changerait la thèse. Mais ce serait pour un magistrat agir contre toutes les règles du bon sens que de recevoir une déposition d’un criminel, excepté contre ses complices. Après cela, en mon nom personnel, je crois à propos de vous faire observer que vous me paraissez être le plus impudent coquin que j’aie jamais vu. Comment ! est-ce que vous êtes assez sot pour vous imaginer que le conte que vous venez de me faire pourra vous servir à rien, soit ici, soit aux assises, soit partout ailleurs ? Ce serait en vérité quelque chose de beau si, quand