Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/220

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M. Falkland commanda d’un ton sévère à ceux qui m’avaient amené de nous laisser seuls :

« Eh bien, monsieur, me dit-il, j’ai réussi aujourd’hui par mes soins à vous sauver du gibet. Il y a quinze jours qu’il n’a pas tenu à vous que ma vie ne fût terminée par cette mort ignominieuse. Seriez-vous assez aveugle et assez stupide pour ne pas voir que la conservation de vos jours a été l’objet constant de mes efforts ? Ne vous ai-je pas aidé de tout mon pouvoir pendant votre prison ? N’ai-je pas fait ce que j’ai pu pour empêcher que vous n’y fussiez envoyé ? Dans l’offre de cent guinées qui a été faite pour votre capture, avez-vous pu vous méprendre au point de ne pas reconnaître l’opiniâtreté et l’exaltation de Forester ?

» Je ne vous ai pas perdu de vue au milieu de toutes vos courses différentes. Vous n’avez pas fait un pas dont je n’aie été instruit. Mon projet était de vous faire du bien. Je n’ai versé d’autre sang que celui de Tyrrel ; ce fut dans un accès de colères ; ah ! j’en ai été puni par des remords que rien ne peut apaiser et qui me déchirent à tous les instants de ma vie. Je n’ai participé à la sentence de mort de qui que ce soit, si ce n’est à celle des Hawkins ; il n’y avait d’autre moyen pour les sauver que de me faire reconnaître moi-même pour un assassin. Tout le reste de ma vie n’a été consacré qu’à la bienfaisance.

» Oui, je songeais à vous faire du bien. C’est pour cela que j’ai voulu vous mettre à l’épreuve. Vous aviez paru vouloir agir envers moi avec égard et