Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/283

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tution. L’auditoire que je trouvai dans la maison du magistrat était composé de quelques gentilshommes et autres personnes qu’on avait choisies, le plan étant à peu près, comme lors du premier examen de l’affaire, de trouver une sorte de terme moyen entre l’air suspect qu’aurait eu une procédure tout à fait secrète, et le scandale, comme on le disait, d’une information de ce genre exposée aux regards du premier venu.

L’émotion que me causa la vue de M. Falkland fut telle qu’il me serait impossible d’en concevoir une plus forte. La dernière fois que je l’avais vu, il avait l’air égaré et farouche, l’abord d’un spectre, le geste furieux et l’œil plein de rage. À présent, ce n’était plus qu’un cadavre. Fatigué et presque anéanti par le voyage qu’il venait de faire, il ne pouvait se soutenir debout, et on l’avait apporté sur un fauteuil. Son visage était sans couleur, ses membres sans mouvement et comme sans vie. Sa tête était penchée sur sa poitrine, excepté qu’il la soulevait de temps en temps pour ouvrir un œil morne et languissant, après quoi il retombait aussitôt dans son premier état, avec l’apparence d’une insensibilité complète. Il semblait ne pas avoir trois heures à vivre. Il avait gardé la chambre pendant plusieurs semaines ; mais la sommation du magistrat lui avait été signifiée dans son lit ; car les ordres qu’il avait donnés relativement aux lettres et aux autres papiers qui lui arrivaient étaient trop positifs pour que personne se hasardât à désobéir. La lecture de la sommation lui avait causé un paroxysme alarmant ; mais à