Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/31

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tage, je me conformai à son avis et gardai le silence. Il ne se passa pas beaucoup de temps sans que tout fût disposé pour mon départ, et on me conduisit à la même prison qui avait renfermé peu auparavant les innocents et malheureux Hawkins. Ils avaient été aussi les victimes de M. Falkland. Je voyais en lui une image fidèle, quoiqu’en raccourci, de ce que sont les monarques, qui comptent les prisons d’État au nombre des instruments de leur pouvoir.


XXIII


Pour moi, je n’avais jamais vu de prison, et, comme la plupart des hommes, je n’avais guère songé à m’informer quel était le sort de ceux qui avaient commis des offenses contre la société, ou qui lui étaient devenus suspects. Oh ! combien est désirable, en comparaison de ces tristes murailles, le plus pauvre des abris où le journalier va se reposer de ses fatigues !

Tout était nouveau pour moi, ces portes massives, ces verrous et ces serrures retentissantes, ces passages sombres, ces fenêtres grillées, et les regards si caractéristiques des geôliers, accoutumés à s’armer de refus et à défendre leurs cœurs de tout sentiment de sympathie et de pitié. La curiosité et un