Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/72

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veau trésor ; et, l’ayant façonné pour l’usage que j’en voulais faire, je trouvai que je pouvais, par son moyen, ouvrir le cadenas qui me retenait à mon anneau sur le plancher. L’avantage que je venais d’obtenir ne laissait pas que d’être important, indépendamment du secours dont il devait m’être pour mon grand objet. Ma chaîne ne me laissait la liberté de me mouvoir que de dix-huit pouces environ à droite et à gauche ; ayant eu à supporter cette contrainte pendant plusieurs semaines, la misérable consolation de pouvoir parcourir à mon aise, dans toute son étendue, le trou dans lequel j’étais claquemuré, faisait bondir mon cœur de joie. Cet événement avait précédé de quelques jours la dernière visite de mon geôlier.

Depuis cette époque, j’avais coutume de me mettre en liberté chaque nuit, et de ne replacer les choses en leur premier état que lorsque je me réveillais le matin ; je n’avais qu’un moment, car le tourne-clef ne tardait guère à paraître. La sécurité engendre la négligence. Le matin qui suivit ma conférence avec le geôlier, soit que j’eusse dormi plus tard qu’à l’ordinaire, soit que le tourne-clef eût fait sa ronde de plus grand matin, je ne fus réveillé que par le bruit qu’il fit en ouvrant le cachot qui touchait au mien ; et avec toute la diligence que je pus y mettre, comme il me fallait tâtonner dans l’obscurité pour rassembler tous mes matériaux, je n’eus jamais le temps de rattacher ma chaîne à l’anneau, avant le moment où il entra comme de coutume avec sa lanterne. Il fut surpris de me trouver