Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/8

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— Je soupçonne, continua M. Falkland, que ce jeune homme, qui a été l’objet de ma bonté et de ma confiance, m’a fait un vol considérable.

— Quels sont, reprit M. Forester, les motifs de vos soupçons ?

— Le premier motif, c’est la perte que je viens de faire en billets de banque, bijoux et argenterie. Il me manque pour 900 livres sterling de billets, trois montres à répétition en or, d’un très-grand prix, une garniture complète de diamants qui me viennent de ma mère, et plusieurs autres effets.

— Et pourquoi, répliqua mon arbitre, dont la voix et le maintien annonçaient un effort extrême pour conserver son sang-froid, au milieu des émotions de la surprise et de la douleur, pourquoi désignez-vous ce jeune homme comme l’auteur de ce vol ?

— En rentrant chez moi, un jour où le feu avait jeté l’alarme et le désordre dans toute ma maison, je l’ai surpris sortant de la chambre où ces effets étaient déposés. Il a été confondu de me voir, et s’est retiré avec toute la précipitation possible.

— Ne lui avez-vous rien dit sur la confusion que lui avait causé votre apparition imprévue ?

— Je lui ai demandé ce qu’il avait à faire en cet endroit. Il était tellement effrayé et hors de lui, qu’il n’a pu d’abord me répondre ; ensuite il m’a dit, en balbutiant, que, tandis que tous les domestiques étaient occupés à sauver mes effets les plus précieux, il était venu là dans le dessein d’en faire autant, mais qu’il n’avait encore rien emporté.