Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/93

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languir ici dans le bois et mourir à petit feu ; c’est une charité que de l’achever pour l’empêcher de souffrir…. »

On s’imagine bien que je n’entendais pas cette espèce de débat sans intérêt ; je fis un effort pour parler, mais la voix me manqua. J’étendis la main d’un air suppliant.

— Vous ne le frapperez pas, pardieu ! dit une des voix : à quoi bon être des assassins ?… »

Enfin, le parti de la clémence l’emporta. Ils se contentèrent donc de me dépouiller de mon habit et de ma veste, et puis de me rouler dans un fossé à sec qui était près de là. Ensuite ils me laissèrent, sans s’occuper le moins du monde de la malheureuse situation où j’étais, ni de l’abondance du sang qui coulait de ma blessure.


XXVIII


Dans cet état déplorable, quelle que fût ma faiblesse, je ne perdis pas connaissance. Je déchirai ma chemise pour m’en faire un bandage, et je réussis assez bien à arrêter le sang. Je tâchai ensuite de me traîner jusqu’au haut du fossé. À peine y étais-je parvenu, qu’avec autant de joie que de surprise j’aperçus un homme assez près de moi. J’appelai à