Page:Godwin - Les Aventures de Caleb Williams, I (trad. Garnier).djvu/49

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mander à Lucrèce une explication. Celle-ci le reçut en riant, et plaisanta sur son inquiétude. La patience du pauvre comte était déjà à bout, et il se mit à pousser ses interrogations dans des termes que l’altière Lucrèce n’était pas d’humeur à entendre tranquillement. Elle avait toujours été habituée à trouver de la déférence et de la soumission, et quand elle eut surmonté cette première impression de crainte que lui avait d’abord inspirée le ton impérieux sur lequel elle s’entendait régenter, son mouvement fut celui du plus vif ressentiment. Elle ne voulut pas prendre la peine de répondre à d’insolentes questions, et elle se permit même de lâcher exprès quelques mots détournés propres à fortifier encore les soupçons qu’on lui montrait. La présomption, la sottise de son jaloux furent un moment tournés en ridicule ; et après lui avoir lancé quelques sarcasmes des plus amers, changeant tout-à-coup de style, elle lui