Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Que votre ouvrage aussi se divise aisément,
Cette méthode neuve offre de l’agrément ;
D’un tout bien arrondi prises peu le mérite,
Le public malgré vous l’éplucherait bien vite.

LE POÈTE.

Quel que soit du public la menace ou l’accueil,
Un semblable métier répugne à mon orgueil ;
De nos auteurs du jour l’ennuyeux barbouillage,
À ce que je puis voir, obtient votre suffrage.

LE DIRECTEUR.

Je ne repousse pas de pareils argumens :
Qui veut bien travailler se munit d’instrumens.
Pour vous, examinez ce qui vous reste à faire,
Et voyez quels sont ceux à qui vous voulez plaire.
Tout maussade d’ennui, chez nous l’un vient d’entrer,
L’autre sort d’un festin qu’il lui faut digérer,
Plusieurs, et le dégoût chez eux est encor pire,
Amateurs de journaux achèvent de les lire :
Ainsi qu’au bal masqué, l’on entre avec fracas,
La curiosité de tous hâte les pas ;
Les hommes viennent voir ; les femmes, au contraire,
D’un spectacle gratis régalent le parterre.
Qu’allez-vous cependant rêver sur l’Hélicon ?.....
Pour plaire à ces gens-là faut-il tant de façon ?
Osez fixer les yeux sur ces juges terribles !.....
Les uns sont hébétés, les autres insensibles ;
En sortant, l’un, au jeu, compte passer la nuit ;
Un autre, chez une fille, ira coucher sans bruit.