Page:Goethe-Nerval - Faust 1828.djvu/58

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mon pupitre t’a long-tems noircie ! Ah ! j’aurais bien mieux fait de dissiper le peu qui m’est resté, que d’en embarrasser mes veilles ! — Ce que tu as hérité de ton père, acquiers-le pour le posséder. Ce qui ne sert point est un pesant fardeau, mais ce que l’esprit peut créer en un instant, voilà ce qui est utile !

Pourquoi donc mon regard s’élève-t-il toujours vers ce lieu ? Ce petit flacon a-t-il pour les yeux un attrait magnétique ? Pourquoi tout à coup me semble-t-il que mon esprit jouit de plus de lumière, comme une forêt sombre où pénètre un rayon de l’astre des nuits ?

Je te salue, fiole solitaire que je saisis avec un pieux respect ! en toi j’honore l’esprit de l’homme et son industrie. Remplie d’un extrait des sucs les plus doux, favorables au sommeil, tu contiens aussi toutes les forces qui donnent la mort ; accorde tes faveurs à celui qui te possède !