Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/396

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sage et profond ; ta parole est puissante et ton glaive est tranchant. Cependant tu le remets volontiers dans le fourreau ; et, sois-en bénie, il ne dégoutte pas du sang des malheureux.

Mais la discrétion me fait encore signe avec son bras d’airain : je me tais jusqu’à ce qu’elle me permette de chanter de nouveau. Je vais donc me recueillir en moi-même, et méditer la grande, la terrible pensée d’être digne de toi, ô ma patrie !




LES CONSTELLATIONS


Tout chante ses louanges, les champs, les forêts, la vallée et les montagnes : le rivage en retentit ; la mer tonne sourdement le nom de l’éternel, et l’hymne reconnaissant de la nature peut à peine monter jusqu’à lui.

Et sans cesse elle chante celui qui l’a créée, et du ciel à la terre, partout sa voix résonne : parmi l’obscurité des nuages le compagnon de l’éclair glorifie le Seigneur sur la cime des arbres et sur la crête des montagnes.

Son nom est célébré par le bocage qui frémit, et par le ruisseau qui murmure, les vents l’emportent jusqu’à l’arc céleste, l’arc de grâce et de consolation que sa main tendit dans les nuages.

Et tu te tairas, toi que Dieu créa immortel ! et tu resterais muet dans ce concert de louanges et d’admiration ! Rends grâces au Dieu qui te fait partager son éternité !… quels que soient tes efforts, ils seront toujours indignes de lui.

Cependant chante encore, et glorifie ton bienfaiteur. Chœur éclatant qui m’entourez, je viens et je m’unis à vous, je veux partager votre ravissement et vos concerts !

Celui qui créa l’univers, qui créa là-haut le flambeau d’or qui nous éclaire, ici la poudre où s’agitent des millions de vers, quel est-il ? C’est Dieu ! c’est Dieu ! notre père !