Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome II.djvu/238

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LE CONSEILLER.

Si je pouvais vous donner de la réserve, je rendrais votre cause bonne.

GŒTZ.

La rendre bonne ? Si vous le pouviez ! Il y faut sans doute plus de peine que pour la rendre mauvaise.

LE GREFFIER.

Dois-je mettre tout cela par écrit ?

LE CONSEILLER.

Ce qui appartient à l’affaire.

GŒTZ.

Pour ce qui me regarde, vous pouvez le faire imprimer.

LE CONSEILLER.

Vous étiez au pouvoir de l’empereur, dont la bonté paternelle a pris la place de sa justice auguste, et vous a assigné pour demeure, au lieu d’une prison, Heilbronn, une de ses bonnes villes. Vous avez promis, avec serment, de vous présenter comme il convient à un chevalier, et d’attendre la suite avec soumission.

GŒTZ.

Bien, et me voici et j’attends.

LE CONSEILLER.

Et nous sommes ici pour vous annoncer la grâce et la faveur de Sa Majesté Impériale. Elle vous pardonne vos transgressions, vous relève du ban et de tous vos châtiments bien mérités ; ce que vous recevrez avec une humble reconnaissance, et prêterez en revanche le serment de paix, dont lecture vous sera faite.

GŒTZ.

Je suis, comme toujours, le fidèle sujet de Sa Majesté. Encore un mot, avant que vous alliez plus loin : mes gens, où sont-ils ? Que deviendront-ils ?

LE CONSEILLER.

Cela ne vous regarde pas.

GŒTZ.

Que l’empereur détourne ainsi de vous sa face, quand vous serez dans le malheur ! Ils étaient mes compagnons et le sont toujours. Où les avez-vous conduits ?