Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome III.djvu/104

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Sa figure, sa conduite, ses sentiments, me l’ont signalé, dans le premier instant, comme un jeune homme honnête, actif et loyaj, et, si je ne me trompe, je ne lui étais pas indifférente…. Mais hélas ! trompé par l’impudente momerie de la scène des esprits, il me tient pour une créature digne du plus grand respect. Que lui dois-je déclarer ? Que lui dois-je confier ? Arrive ce qu’il pourra, je veux le risquer ! Qu’ai-je à perdre ? Et ne suis-je pas déjà, en quelques heures, presque réduite au désespoir ?… Quel qu’en soit le résultat, il faut que je lui écrive. Je le verrai, je me confierai à lui : cet homme généreux peut me condamner, mais non me repousser. Il me trouvera un asile. Un couvent, une pension, n’importe, sera pour moi un séjour agréable. ( Elle parle et écrit. ) « Une malheu« reuse jeune fille, qui a besoin de votre secours, et dont vous « ne devez pas avoir une plus mauvaise opinion, parce qu’elle




  • se fie à vous, vous demande demain matin un quart d’heure « d’entretien. Tenez-vous dans le voisinage : je vous ferai dire
  • si je suis seule. La triste position dans laquelle je me trouve « me force à cette démarche équivoque….» C’est résolu…. Le petit Jack me sera, j’espère, un messager fidèle. (Elle s’approche de la porte et appelle.) Jack !

SCÈNE II.

LA NIÈCE, JACK.

LA NIÈCE.

Petit garçon, connais-tu la demeure du chevalier Greville ?

JACK.

J’y suis allé souvent.

LA NIÈCE.

Veux-tu bien lui porter tout de suite un billet ? Mais sans que personne en sache rien.

JACK.

Très-volontiers. Que me donnerez-vous pour cela ?

La Nièce, en lui donnant de l’argent. Un écu de six livres.




Jack,