Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FAUST[1].

DÉCICACE[2].

Vous revenez à moi, flottantes visions, que, dans ma jeunesse, je vis apparaître un jour à mon regard troublé : puis-je essayer de vous enchaîner aujourd’hui ? Mon cœur se sent encore de l’attrait pour cette rêverie. Vous accourez en foule ! Eh bien, régnez en souveraines, telles que vous montez autour de moi, du sein des vapeurs et des nuages. J’éprouve les transports de la jeunesse, au souffle magique qui se joue autour de votre cortège.

Vous apportez avec vous les images de jours heureux, et bien des ombres chéries se lèvent ; pareils à une antique tradition, presque oubliée, le premier amour et l’amitié reviennent sur vos pas ; la douleur se renouvelle ; la plainte recommence le cours tortueux et trompeur de la vie, et nomme les êtres vertueux, qui, frustrés par le sort de belles heures, ont disparu avant moi.

Elles n’entendent pas mes dernières mélodies, les urnes aux-

  1. Dans cet ouvrage, Gœthe a écrit généralement le dialogue en vers rimés, de diverse mesure. Les morceaux lyriques sont aussi rimés ; quelquefois simplement rhythmiques.
  2. Cette dédicace se trouve en tête de la première partie de Faust ; Mais il est évident qu’elle a été composée à l’occasion de la seconde, qui fut écrite longtemps après. Voir la vie de Gœthe, dans notre premier volume.