Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/207

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LA CHAMBRE DE MARGUERITE.

C’est le soir. Une petite chambre proprette.

MARGUERITE, tressant ses cheveux et les attachant.

Je donnerais bien quelque chose pour savoir seulement qui était ce monsieur d’aujourd’hui. Il avait assurément très-bonne mine et il est de noble maison. J’ai pu le lire sur son front…. Et, sans cela, il n’aurait pas été si hardi. (Elle sort. Entrent Faust et Méphistophéles.)

MÉPHISTOPH ÉLÈS.

Entrez tout doucement, entrez donc.

Faust, après un moment de silence.

Je t’en prie, laisse-moi seul.

MÉphistophÉlÈs, observant de tous cotés.

Toutes les jeunes filles n’ont pas chez elles cette propreté. (Il sort. )

Faust, regardant autour de lui.

Salut, doux crépuscule, qui pénètres dans ce sanctuaire ! Empare-toi de mon cœur, douce peine d’amour, qui te nourris, avec langueur, de la rosée d’espérance ! Comme respire alentour le sentiment de la paix, de l’ordre, du contentement ! Dans cette pauvreté, quelle abondance ! Dans cette prison, quelle félicité ! (Il se jette dam le fauteuil de cuir auprès du lit.) Accueille-moi à mon tour, toi qui, aux heures de la joie et de la douleur, as reçu les aïeux dans tes bras ouverts. Ah ! combien de fois une troupe d’enfants s’est déjà suspendue autour de ce trône paternel ! Peutêtre, touchée de reconnaissance pour les joies de Noël, ma bienaimée, avec ses rondes joues d’enfant, a-t-elle ici baisé pieusement la main flétrie de son aïeul. J’entends, ô jeune fille, chuchoter autour de moi ton esprit d’ordre et de vigilance, qui sans