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SCÈNE IV.

IPHIGÊNIE, seule.

O secourable libératrice, tu as des nuages pour envelopper les innocents persécutés, et, les arrachant des bras du sort impitoyable, les porter sur l’aile des vents, à travers l’Océan, à travers les plus vastes contrées de la terre et dans quelque lieu qu’il te plaise ; tu es sage, et tu vois l’avenir ; pour toi le passé existe encore ; et ton œil repose sur les tiens, comme ta lumière, la vie des nuits, repose et veille sur la terre : oh ! préserve mes mains du sang ! Jamais il ne donne ni bonheur ni repos ; et le spectre de la victime d’un meurtre accidentel épie et remplit d’effroi les heures mauvaises du triste et involontaire meurtrier. Car les immortels aiment les bonnes races des hommes au loin répandues, et ils prolongent volontiers la vie fugitive du mortel ; volontiers ils lui accordent et lui permettent de goûter quelque temps avec eux la ravissante contemplation de leurs cieux éternels.