Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/292

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ploie jamais : tiges vertes, cloches d’or, brillez parmi les boucles touffues…. Mais nous….

BOUTONS DE ROSES.

Nous restons cachés. Heureux qui nous découvre dans notre fraîcheur ! Quand l’été s’annonce, le bouton de rosé s’enflamme. Qui voudrait se passer d’un tel bonheur ? Les promesses, les faveurs, dans l’empire de Flore, gouvernent le regard et les sens et le cœur à la fois. ( Les jardinières disposent élégamment, leurs marchandises dans des allées de verdure ).

Jardiniers. Ils chantent avec accompagnement de théorbes.

Vous voyez les fleurs paisiblement éclore, ceindre vos têtes avec grâce : les fruits ne cherchent pas à séduire, c’est en les goûtant qu’on en jouit.

Elles montrent leurs bruns visages, les cerises, les pêches, les prunes royales ! Achetez, car, au prix de la langue et du palais, l’œil est un mauvais juge.

Venez vous nourrir avec choix et délices des fruits les plus mûrs : on poétise sur les rosés, il faut mordre dans les pommes.

Qu’il nous soit permis de nous associer à votre riche fleur de jeunesse, et nous étalerons, en bons voisins, l’abondance de nos fruits mûrs.

Sous de joyeuses guirlandes, dans l’enfoncement de berceaux décorés, on peut trouver, tout ensemble, boutons, feuillage, fleurs et fruits. (Au milieu de chants alternés, accompagnés de théorbes et de guitares, les deux chœurs commuent d’élever leurs marchandises en pyramides élégantes et de les offrir aux passants. )

Une mère et sa fille s’avancent.

LA MÈRE.

Ma fille, quand tu vins à la lumière, je te parai d’un petit bonnet ; tu avais un si gracieux visage, un petit corps si délicat ! Déjà je te voyais fiancée, déjà je te voyais unie au plus riche, gentille mariée.

Hélas ! et déjà bien des années se sont écoulées en vain ; les épouseurs de toute sorte ont défilé promptement : avec l’un tu