Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/307

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GNOMES.

Voici, à petits pas, la petite troupe, qui n’aime pas à marcher deux à deux. En habits de mousse, éclairée de petites lampes, elle court, pêle :méle, vivement, aux lieux où chacun travaille pour soi, en fourmilière, comme des mouches luisantes, et grouille ça et là sans cesse, occupée en long et en large. Proches parents des bons petits nains, bien connus comme perce-rochers, nous saignons les hautes montagnes ; nous puisons dans leurs veines fécondes ; nous entassons les métaux, encouragés par ce salut : * Bon succès 1 bon succès ’ ! » Cela est tout à fait bienveillant ; nous sommes amis des hommes bons. Cependant nous produisons l’or à la lumière, afin que l’on puisse voler et corrompre ; que le fer ne manque pas à l’homme orgueilleux qui a médité le meurtre universel ; et qui méprise les trois commandements ne se soucie pas non plus des autres. Tout cela n’est pas notre faute : comme nous, ayez donc toujours patience.

LES GÉANTS.

On les appelle les hommes sauvages, bien connus sur les montagnes du Harz ; dans leur nudité naturelle, dans leur force antique, ils viennent ensemble en vrais géants ; le tronc de sapin dans la main droite, et autour du corps une épaisse ceinture, le rude tablier de rameaux et de feuilles…. garde du corps, comme le pape n’en a point.

Chœur De Nymphes. Elles entourent le grand Pan.

Il vient aussi ! Le tout universel est figuré dans le grand Pan. Vous, les plus riantes, entourez-le, voltigez autour de lui avec vos danses folâtres ; car il veut, parce qu’il est sérieux et bon, que l’on soit joyeux. Il se tient aussi constamment éveillé sous la voûte bleue. Mais les ruisseaux vers lui serpentent, et les zéphyrs le bercent dans un doux repos, et, vers midi, s’il sommeille, la feuille ne tremble pas sur le rameau ; les parfums embaumés de plantes salutaires remplissent l’air silencieux et tranquille ; la nymphe n’ose folâtrer ; où elle se trouve elle s’endort. Mais, lorsqu’ensuite la voix du Dieu retentit soudain avec puissance, comme le fracas de la foudre, le mugissement de la mer,