Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/333

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LE FAMULUS.

Très-honoré seigneur, c’est mon nom….’ Oremus….

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Laissons cela.

LE FAMULUS.

Pour moi quelle joie, que vous me connaissiez !

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je le sais fort bien ; déjà vieux, encore étudiant, maître barbon ! Un savant homme continue d’étudier, parce qu’il ne peut faire autrement. De la sorte on se bâtit un modeste château de cartes ; toutefois le plus grand esprit ne vient pas à bout de le bâtir entièrement. Mais votre maître, voilà un homme ferré à glace ! Qui ne connaît le noble docteur Wagner, aujourd’hui le premier du monde savant ? C’est lui seul qui le maintient, lui, le promoteur assidu de la sagesse. Des disciples, des auditeurs, désireux de tout savoir, se rassemblent en foule autour de lui. Il brille, l’homme unique, du haut de la chaire ; il dispose des clefs comme saint Pierre ; il ouvre le monde inférieur comme le supérieur. Comme il brille et resplendit par-dessus tous les autres, aucune réputation, aucune gloire ne subsiste plus. Le nom même de Faust est obscurci. C’est lui seul qui a trouvé….

LE FAMULUS.

Pardon, monseigneur, si je vous dis…. si j’ose contester avec vous. Il n’est pas question de tout cela. La modestie est son partage ; il ne peut se résigner à l’inconcevable disparition du grand homme. C’est de son retour qu’il espère son salut et sa consolation. La chambre, comme au temps du docteur Faust, encore intacte depuis qu’il est loin, attend son ancien maître. A peine ose-je y pénétrer. Quel peut être l’aspect du ciel ?… Les murs me semblent émus : les poteaux des portes tremblaient ; les verrous sautaient ; vous-même vous ne vîntes jamais ici.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Où l’homme s’est-il retiré ? Conduisez-moi vers lui, amenezle-moi.

LE FAMULUS.

Ah ! sa défense est trop sévère ! Je ne sais si je dois risquer la chose. Durant des mois, occupé du grand œuvre, il vit dans la plus profonde retraite. Lui, le plus délicat de tous les savants,