Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/359

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paysage agreste, rives ombreuses.

LES SIRÈNES.

Plongez-vous dans les eaux du Pénée ! C’est là qu’il faut nager en battant les flots, entonner chansons sur chansons, pour amuser les malheureux humains. Sans eaux point de bonheur ! Si nous courons, avec notre armée brillante, dans la mer Egée, nous aurons tous les plaisirs en partage. (Tremblement de terre.) La vague se retire écumante ; elle ne coule plus sur la pente de son lit ; le sol tremble, l’onde reflue, le gravier, la rive éclate et fume. Fuyons ! venez toutes, venez ! Ce prodige n’est favorable à personne. Courez, joyeux et nobles hôtes, à la belle fête marine, aux lieux où, étincelantes et mouillant le rivage, les vagues tremblantes s’enflent doucement ; où la lune brille deux fois etnous baigne d’une sainte rosée. Là-bas, une vie qui se déploie librement ; ici, un affreux tremblement de terre…. Quiconque est sage prenne la fuite ! L’épouvante règne en ce lieu. SÉismos’, grondant cl mugissant dans les profondeurs.

Une fois encore poussons avec force. Un bon coup d’épaule, et nous arriverons là-haut, où tout doit’plier devant nous !

LES SPHINX.

Quel fâcheux tremblement ! Affreuse, terrible tempête ! Quelle secousse ! quel balancement ! quel ébranlement nous pousse et nous repousse ! Quelle insupportable souffrance ! Mais nous ne quitterons pas la place, quand tout l’enfer volerait en éclats. Maintenant, une voûte s’élève merveilleusement. C’est le même, ce vieillard, dès longtemps blanchi, qui bâtit l’Ile de Délos ; pour l’amour d’une femme errante, il la fit surgir dés flots. Lui, pressant,