Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/412

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elle sortit de la coquille, et que sa noble mère et son frère furent éblouis à sa vue.

Ce pays, tourné vers toi seule, étale sa plus belle floraison : à l’univers, qui t’appartient, veuille préférer ta patrie !

Et bien que, sur le dos de ses montagnes, la cime dentelée reçoive à peine un froid rayon de soleil, dès que la roche se montre verdoyante, la chèvre friande broute sa maigre pâture.

La source jaillit, les ruisseaux réunis se précipitent, et déjà les ravines, les pentes, les prairies sont vertes ; sur cent collines, éparses dans les plaines, tu vois se répandre les troupeaux de brebis.

Dispersés, circonspects, les bœufs cornus marchent lentement le long des bords escarpés ; mais un abri est préparé pour tous : la muraille de rochers se creuse en cent cavernes.

Pan les protège en ces lieux ; les nymphes nourricières habitent dans l’espace humide et frais des gorges buissonneuses,• et, aspirant à de plus hautes régions, l’arbre rameux s’élève, contre l’arbre pressé.

Ce sont des bois antiques ! Le chêne se dresse vigoureux, et il croise avec caprice ses rameaux tortueux ; l’érable gracieux, gonflé d’une douce sève, s’élève librement et joue avec son fardeau.

Et, sous le silencieux ombrage, le sein maternel épanche un lait tiède, préparé pour l’enfant et pour l’agneau ; le fruit n’est pas loin : les plaines le mûrissent, et le miel distille des arbres creux.

Ici le bien-être est héréditaire ; la joue est vermeille comme la bouche ; chacun est immortel à sa place : ils ont la joie et la santé.

Ainsi se développe sous un ciel pur l’aimable enfant, pour atteindre à la force paternelle. Ce spectacle nous surprend et nous demandons encore : « Sont-ils des dieux, sont-ils des hommes ? »

C’est ainsi qu’Apollon s’était transformé en berger, en sorte qu’un des plus beaux lui ressemblait, car, où la nature règne librement, tous les mondes s’enchaînent. ( II prend place à celé (f Hélène. )

Tel est ton bonheur, tel est aussi le mien. Laissons le passé

dans l’