Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/457

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Hâte-toi de mettre la table dans le jardin, à l’endroit le plus fleuri. Laisse-le courir, laisse-le s’eflrayer, car il n’en croira pas ses yeux. (Philémon suit l’étranger et se place auprès de lui.) Cette mer, qui vous maltraita cruellement, brisant avec fureur vague sur vague, vous la voyez transformée en jardin, vous voyez une im’ge du paradis. Plus vieux, je cessai d’être dispos, je n’étais plus, comme autrefois, prêt à porter secours, et, quand mes forces s’en allèrent, la vague aussi s’éloigna. Les hardis serviteurs de maîtres habiles creusèrent des fossés, élevèrent des digues, restreignirent les droits de la mer, pour dominer à sa place. Vois se dérouler les vertes prairies, pâturages, jardins, villages et bois ! Mais viens à présent prendre quelque nourriture, carie soleil nous quittera bientôt…. Là, bien loin, passent les voiles : elles cherchent, pour la nuit, un refuge tranquille…. Les oiseaux connaissent leur nid : là-bas maintenant s’ouvre un port. Tu ne vois plus que dans le lointain la frange bleue de la mer et, à droite et à gauclie, une large étendue, où se pressent les habitants.