Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Faust, à son balcon, vis-à-vis des dunts. De là-haut quels accents lamentables ? Il n’est plus temps de parler, d’appeler. Ma sentinelle gémit ; moi, dans mon âme, je regrette cet emportement. Mais, si les tilleuls ne sont plus qu’un affreux amas de souches à demi cliarbonnées, un belvédère sera bientôt élevé, pour jouir d’une immense perspective. Là aussi je verrai la nouvelle demeure où sera recueilli ce vieux couple, _qui, dans le sentiment de ma généreuse clémence, coulera doucement ses derniers jours.

MÉPHISTOFHÉLÈS et LES TROIS COMPAGNONS.

Nous revenons au grand trot. Pardonnez, la chose ne s’est pas faite de bonne grâce. Nous avons frappé, heurté, et personne n’ouvrait. Nous avons cogné, heurté de nouveau : la porte vermoulue ne branlait pas. Nous avons crié, menacé, mais nous ne pouvions nous faire entendre, et, comme il arrive en pareille circonstance, ils n’écoutaient pas, ils ne voulaient pas. Alors, sans perdre de temps, nous les avons vite expédiés. Le couple ne s’est pas beaucoup débattu ; de frayeur, il sont tombés sans vie. Un étranger se trouvait là gîté, et voulait combattre : nous l’avons étendu mort. Dans les courts instants de la lutte furieuse, des charbons ont allumé quelque paille répandue alentour : maintenant cela flambe en liberté, comme bûcher dés trois corps.

Faust.

Étiez-vous sourds à mes paroles ? Je voulais un échange, je ne voulais pas un vol. Cette action insensée et brutale, je la maudis ! Prenez-en chacun votre part.

Le Chœur.

La vieille parole, la parole retentit : obéis docilement à la force ; et si tu es résolu, et si tu tiens ferme, risque tes foyers…, et ta vie. (Ils s’éloignent.)