Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/60

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ACTE CINQUIÈME.

SCENE I.

THOAS, ARGAS.

ARCAS.

Il faut que je l’avoue, je ne sais, dans mon trouble, sur qui je dois diriger mes soupçons. Sont-ce les prisonniers qui méditent furtivement leur fuite ? Est-ce la prêtresse qui les seconde ? Le bruit se répand que le vaisseau qui a amené ces deux étrangers est encore caché dans quelque baie, et le délire de cet homme, cette purification, le saint prétexte de ce retard, appellent plus hautement les précautions et la défiance.

THOAS.

Que la prêtresse vienne ici sans délai. Allez ensuite, explorez avec soin, explorez promp’tement le rivage, depuis le promontoire jusqu’au bois sacré de la déesse ; respectez-en les saintes profondeurs. Disposez une embuscade attentive, et, en qu> Icine lieu que vous les trouviez, prenez ces hommes, comme vous faites souvent.

SCÈNE II.

THOAS, seul.

Je sens tour à tour dans mon cœur une affreuse colère, d’abord contre elle,que je croyais si sainte, ensuite contre moi, qui, par mon indulgence et ma bonté, l’ai disposée à la trahison. L’homme s’accoutume à l’esclavage, et il apprend aisément à obéir, quand on le prive entièrement de la liberté. Oui, si elle fût tombée dans les mains barbares de mes ancêtres, et, si