Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IV.djvu/70

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mes os ; puis il s’est dérobé, comme un serpent dans la caverne. Par toi Je recommence à jouir de la vaste lumière du jour. La pensée de la déesse se révèle à moi, belle et magnifique. Comme une statue sacrée, à laquelle l’immuable destinée de la ville est attachée par un secret oracle des dieux, elle t’enleva, toi, protectrice de notre maison ; elle te garda dans une sainte paix, pour la bénédiction de ton frère et des tiens. Quand toute délivrance semblait perdue pour nous sur la vaste terre, tu nous rends toutes choses…. O roi, laisse ton âme incliner vers la paix ; n’empêche pas que ma. sœur accomplisse maintenant la consécration de la maison paternelle ; qu’elle me rende à notre palais purifié ; qu’elle pose sur ma tête l’antique couronne. Reconnais la bénédiction qu’elle t’a procurée, et laisse-moi jouir du droit de la parenté. La force et la ruse, gloire suprême des hommes, sont confondues par la sincérité de cette grande âme, et sa pure et filiale conlîance en un homme généreux est récompensée.

IPHIGÉNIE.

Songe à ta parole, et laisse-toi toucher par ces discours d’un ? bouche loyale et fidèle ! Regarde-nous ! Tu n’auras pas lieu souvent d’accomplir une action si généreuse. Tu ne peux nous refuser : accorde sans retard !

THOAS.

Eh bien, partez.

IPHIGÉNIE.

Non pas ainsi, ô mon roi ! Je ne veux pas te quitter mécontent et sans recevoir ta bénédiction. Ne nous bannis point ! Qu’un aimable lien d’hospitalité nous unisse, et nous ne serons pas séparés à jamais. Tu m’es cher et précieux, comme l’était pour moi mon père, et cette impression restera gravée dans mon âme. Si jamais le plus humble de tes sujets fait résonner encore à mon oreille le langage que je suis accoutumée à entendre chez vous, et si je vois, sur le plus pauvre, votre vêtement : je veux le recevoir comme un dieu ; je veux lui préparer moi-même une couche, le faire asseoir sur un siège auprès du feu, et ne l’interroger que sur toi et sur ton sort. Oh ! que les dieux te donnent la digne récompense de tes actions et de ta douceur ! Adieu. Oh ! tourne-toi vers nous, et réponds-moi par