Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/156

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boire, et nos gens en usèrent sans y regarder de trop près, quoique cela eût l’air d’une desserte fort confuse, et ne donnât pas une bien haute idée de l’estime qu’on avait pour les hôtes.

Chapitre IV

La sottise et l’impertinence de quelques étourdis augmentèrent encore le trouble et les souffrances de cette nuit : ils se harcelaient, s’éveillaient, et se faisaient tour à tour toute sorte de niches. Le lendemain, tous éclatèrent en plaintes contre leur ami le baron, qui les avait trompés de la sorte, et leur avait fait un tout autre tableau de l’ordre et de la vie commode qu’ils trouveraient au château. Mais, à leur vive et joyeuse surprise, le comte lui-même parut de grand matin, avec quelques domestiques, et s’informa de leur situation. Il fut très-indigné, lorsqu’il apprit combien ils avaient souffert ; le baron, qu’on amena tout boiteux, accusa le maître d’hôtel d’avoir montré dans cette occasion une extrême indocilité, et il crut l’avoir mis en fort mauvaise posture.

Le comte ordonna sur-le-champ que tout fût disposé en sa présence pour la plus grande commodité de ses hôtes. Là-dessus arrivèrent quelques officiers, qui poussèrent d’abord une reconnaissance auprès des actrices. Le comte se fit présenter toute la troupe, adressa la parole à chacun, en le nommant par son nom, et jeta dans la conversation quelques plaisanteries, si bien que tous furent enchantés d’un si gracieux seigneur. Wilhelm, avec Mignon, qui se pendait à son bras, dut paraître à son tour. Il s’excusa du mieux qu’il put de la liberté qu’il avait prise, mais le comte parut l’accueillir en personne de connaissance.

Un monsieur, qui accompagnait le comte, et qui paraissait être