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274 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE

bien il devait, et c’est à quoi tendaient ses désirs, donner à la troupe une forme toute nouvelle.

Sans presser lui-même notre ami, il fit agir Aurélie et Philine. Les autres comédiens, qui soupiraient après un engagement, ne lui laissaient non plus aucun repos ; en sorte qu’il se voyait, avec assez d’embarras, en présence de deux chemins. Qui aurait pensé qu’une lettre de Werner, écrite dans un sens tout opposé, le pousserait enfin à prendre une résolution ? Nous la citerons presque sans changement, en nous bornant à supprimer les premières lignes.

CHAPITRE II.

<~ Il en fut toujours ainsi, et c’est apparemment la bonne règle, que chacun, en chaque occasion, s’occupe de son affaire et déploie son activité. A peine le bon vieillard eut-il cessé de vivre, que, dès le premier quart d’heure, rien n’allait plus dans la maison selon ses idées. Amis, parents, connaissances, arrivaient en foule, et particulièrement les gens de toute sorte qui ont quelque chose à gagner en pareille circonstance. On portait, on traînait, on comptait, on écrivait et l’on calculait les uns allaient querir du vin et des gâteaux, les autres mangeaient et buvaient, mais je ne voyais personne plus sérieusement occupé que les femmes, qui choisissaient le deuil.

« Tu me pardonneras donc, mon cher ami, si, dans cette circonstance, j’ai aussi songé à mon intérêt ; si je me suis montré aussi officieux, aussi actif que possible à l’égard de ta sœur, et lui ai fait comprendre, dès que la bienséance a semblé le permettre, que notre souci devait être maintenant d’accélérer notre union, retardée jusqu’alors par les lenteurs infinies de nos pères.