Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/375

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taines joyeuses aventures, et, à la tombée de la nuit, non loin de Neukirch, un feu d’artifice surprenant. Car, de même que, quelques nuits auparavant, sur les bords de la Sarre, des nuages lumineux de lampyres voltigeaient autour de nous entre les rochers et les buissons, les cheminées des forges, jetant leurs étincelles, nous saluaient de leurs joyeux feux d’artifice. Nous visitâmes de nuit les fonderies situées au fond de la vallée, et nous admirâmes l’étrange demi-obscurité de ces cabanes, qui ne sont que faiblement éclairées par l’étroite ouverture du fourneau brûlant. Le vacarme de l’eau et des soufflets qu’elle met en mouvement, l’effroyable sifflement du courant d’air, qui, soufflant avec fureur dans le bronze fondu, étourdit les oreilles et trouble les sens, finirent par nous chasser, et nous allâmes nous loger à Neukirch, qui est bâti sur le penchant de la montagne.

Mais, malgré les divers événements et les fatigues de la journée, je ne pus encore y trouver le repos. J’abandonnai mon ami à un heureux sommeil, et je cherchai le papillon de chasse, qui est situé plus haut. De ce lieu, la vue s’étend sur les montagnes et les bois, dont je pouvais seulement distinguer les contours, à la faveur d’une nuit sereine, mais dont les flancs et les profondeurs échappaient à mon regard. L’édifice, bien entretenu, était aussi vide que solitaire ; ni châtelain ni chasseurs ne se montraient. Je m’assis devant les grandes portes vitrées, sur les degrés qui font le tour de la terre. Là, au milieu des montagnes, au-dessus d’une terre boisée et sombre, qui paraissait plus sombre encore, en contraste avec le clair horizon d’une nuit d’été, ayant sur ma tête un ciel étincelant de mille feux, je restai longtemps recueilli à cette place abandonnée, et je ne croyais pas avoir jamais senti une pareille solitude. Aussi, quelle surprise agréable pour moi d’entendre le son lointain de deux cors de chasse, qui, pareils à une vapeur embaumée, animèrent tout à coup l’atmosphère tranquille ! Alors s’éveilla en moi l’image d’une délicieuse créature, qui s’était effacée devant les scènes bigarrées de ces jours de voyage ; elle se dévoila de plus en plus, et me ramena à l’auberge, où je pris mes arrangements pour partir de grand matin.

Le retour ne fut pas mis à profit comme l’allée. Nous traver-