Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/142

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Je saisis avec empressement l’occasion de voir l’abbaye. Je trouvai un édifice vaste et vraiment princier ; les chambres hautes et grandes, élégamment parquetées ; le velours et les lapis de damas, les ouvrages en stuc, les dorures et les ciselures n’étaient pas épargnées, ni aucune des choses qu’on est accoutumé à voir dans ces palais, et tout se répétait deux fois et trois fois dans de grandes glaces.

Aussi se trouvait-on fort bien logé dans ce couvent : mais on ne put mettre tous les chevaux à couvert ; ils restèrent exposés au grand air, sans litière, sans crèches, sans râteliers. Par malheur, les Sacs à fourrage étaient pourris ; il fallait que les chevaux mangeassent l’avoine à terre. Au reste, si les écuries étaient insignifiantes, on trouva les caves spacieuses : outre qu’il avait des vignes à lui, le couvent percevait de nombreuses dîmes. 11 est vrai que bien des tonneaux avaient dû se vider dans les derniers mois. 11 s’en trouvait un grand nombre dans la cour.

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Notre prince donna un grand repas ; trois des plus hauts seigneurs ecclésiastiques étaient conviés. Ils avaient fourni du linge de table magnifique, et un très-beau service de porcelaine. On voyait peu d’argenterie : les trésors et les objets précieux étaient à Elirenbreitstein. La cuisine du prince fit merveilles ; le vin qui avait dû nous suivre en France, ramené de Luxembourg, fut consommé à Trêves. Mais ce qui mérilait le plus d’éloges, ce fut le délicieux pain blanc, qui faisait songer, par contraste, au pain de munition de Hans.

Comme je m’étais occupé pendant ces jours de l’histoire de Trêves, l’abbaye Saint-Maximin avait dû nécessairement fixer aussi mon attention, et je fus en état de soutenir sur ces matières avec mon voisin ecclésiastique une conversation assez approfondie. La haute antiquité du couvent fut admise ; on parla ensuite de ses diverses destinées, du voisinage de la ville : circonstance également dangereuse pour elle et pour lui ; en 1674 il avait été dévoré par le feu. Je me fis aussi raconter sa reconslruction et son rétablissement graduel dans l’élat où il se trouvait alors. Là-dessus on pouvait dire beaucoup de bien et