Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/175

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seulement, je ne pus répondre au désir qu’H m’exprima vivement de former avec moi une étroite liaison d’amitié.

Nous restâmes encore quelque temps en correspondance, et j’eus l’occasion de lui rendre quelques services, ce qu’il me rappela avec reconnaissance dans notre nouvelle rencontre. -Nous passâmes d’ailleurs quelques heures agréables à revenir sur ces jours écoulés. Toujours occupé de lui uniquement, il eut beaucoup de récits, de confidences à me faire. Avec le temps, il avait réussi à se faire la réputation d’un écrivain estimé, en se livrant à des travaux sérieux sur l’histoire de la philosophie ancienne, surtout de celle qui incline au mystère, s’efforçant d’en déduire les o’rigines et l’état primitif de l’humanité. Il m’avait envoyé ses ouvrages à mesure qu’ils paraissaient, mais je dois avouer que je ne les avais pas lus. Ces recherches étaient trop éloignées de celles qui m’intéressaient.

Je ne trouvai d’ailleurs nullement heureuse sa situation présente. 11 avait enfin conquis avec des efforts opiniâtres la connaissance des langues et de l’histoire, qu’il avait longtemps négligées, mais ces excès de fatigue intellectuelle avaient altéré sa santé. Sa position financière n’était pas non plus des meilleures ; son traitement modique ne lui permettait pas de se soigner et de se ménager ; la sombre agitation de sa jeunesse ne s’était pas entièrement apaisée ; il paraissait toujours aspirer à l’inaccessible, et lorsque enfin nous eûmes épuisé les souvenirs de nos anciennes relations, nous ne trouvâmes plus rien d’agréable à nous dire. Ma manière d’être pouvait sembler encore plus éloignée de la sienne qu’autrefois. Cependant nous nous quittâmes dans les meilleures dispositions, mais je le laissai, comme les autres, soucieux et alarmé des calamités présentes.

J’allai aussi rendre visite au docte Merrem, dont les belles connaissances en histoire naturelle nous fournirent d’abord une conversation intéressante. Il me montra plusieurs objets remarquables, et me donna son ouvrage sur les serpents. J’en "devins attentif à ce qu’il me conta encore de ses aventures et j’en profitai, car c’est là un fruit excellent des voyages, que nous nous intéressons pour toute notre vie aux lieux et aux personnes que nous avons une fois connus.